Les croquis – aquarelle d’Amendoeira da Serra

Après la découverte du HLM à cigognes rempli de locataires ailés (et volatiles zélés), vous reprenez votre minibus en poursuivant votre route dans cette belle campagne portugaise du bas Alentejo, toute fleurie et parfumée, quand voici sur la colline un joli moulin à vent. Il est midi, mais avant votre pique-nique vous en faites un rapide croquis pour en mémoriser l’architecture et le lieu. C’est l’endroit idéal et le plus convivial que l’on puisse imaginer, pour partager ensemble à son ombre, ce repas de campagne égayé de chants d’oiseaux…

Quelques instants plus tard, direction un petit village perdu où il fait bon vivre loin des agitations du monde, et c’est formidable, il y a un nombre incroyable de choses intéressantes à peindre et dessiner !

Comme vous étiez en plein dessin animalier avant le croquis du moulin, voici un troupeau de chèvres qui accueillent le touriste, broutent et se reposent à l’entrée du village…

Alors, pas 1 mn à perdre, l’occasion pour moi de vous montrer ce que l’on peut faire très vite avec le pinceau à réservoir sans même dessiner, car rien n’est plus intéressant lorsque le temps presse, que de poser en même temps croquis et peinture…

Ci-dessous, ma petite démo de chèvres vite réalisée avant de changer de sujet, manière de dire qu’on pourrait souvent se contenter d’une toute petite boîte de couleurs et de ce simple pinceau à réservoir si décrié par les « vrais » aquarellistes (je veux dire ceux qui prennent tout leur temps avec des outils « nec plus ultra », bien installés et pas debout comme nous, qui détestent ces pinceaux, n’ayant par ailleurs pas voulu apprendre à s’en servir). Il est vrai que si je m’étais un peu mieux appliqué, elles seraient un peu plus réussies, mes petites chèvres, mais bon, aujourd’hui ce n’est pas mon jour, on va bien s’en apercevoir bientôt !

Avant d’en terminer avec ce chapitre des animaux traités sur le motif, en voici quelques autres réalisés toujours en « démo » lors d’un stage du Jura oriental été, cette fois avec un croquis préalable au crayon, les vaches montbéliardes ayant moins la bougeotte que les chèvres pourtant bien sympas du Portugal !

Revenons au Portugal. Vous voici à présent au cœur du village, où de nombreux villageois se retrouvent sur la petite place devant le café, pour discuter, échanger les dernières nouvelles, ou simplement retrouver le voisinage en toute convivialité. Vous faites connaissance, les gens sont intrigués par votre petite troupe de touristes venus se perdre ici, mais pourquoi donc, il n’y a rien à voir, rien à visiter ?

Eh bien, justement si, à commencer par une amicale rencontre avec les gens eux-mêmes, et sans oublier le village avec ses fours à pain, ses fontaines, ses vielles charrettes, ses terrasses cultivées, ses ruelles aux maisons blanches et bleues, où toute l’équipe des aquarellistes ou presque, se disperse…

Je reste pour ma part avec vous et quelques autres sur la place du village, car je suis très intéressé par ce sympathique monsieur qui discute avec un voisin sur la margelle du mur. Je lui demande s’il accepte que je le dessine (ne surtout pas lui demander de « poser »), et il acquiesce amusé espérant que je vais faire de lui un chef d’œuvre.

Mais vous savez ce que j’ai dit : ce n’est pas ma journée !

Pourtant, tout à bien commencé, les habitants autour de lui me flattent sur sa ressemblance tandis que je suis en train de le dessiner…

C’est sans compter sur le fait que je me trompe de stylo et qu’au lieu d’un feutre à encre indélébile j’en ai pris un autre (même couleur), mais dont la teinte fuse au premier coup de pinceau.

Imaginez la catastrophe. Si dans certains cas l’encre qui fuse est un atout, là, ce n’est pas du tout ce que je voulais !

Quand on se sert du trait qui fuse pour créer volontairement certains effets le résultat est heureux, mais là, le fiasco aquarellé se double d’un silence révélateur dans l’assistance des observateurs autochtones, qui assistent médusés à la bizarre transformation du cher grand-père en figure incertaine, vaporeuse et s’éloignant de plus en plus de la ressemblance espérée à cause de la couleur ratée et du feutre qui fait des taches partout…

Quant à Patricia (aquarelliste de notre groupe qui dessine à côté), bravo à elle : portrait bien mieux réussi que le mien, elle ne s’est pas mélangé les stylos, car elle s’est servie de son crayon à papier !

Conclusion : si vous avez un doute sur la nature de l’encre de vos stylos, utilisez plutôt le crayon à papier.

J’arrête là les frais, en essayant d’expliquer au monsieur pourquoi il n’est pas devenu le chef-d’œuvre tant espéré, mais je le vois bien dans sont regard : je peux dire tout ce que je veux, ce qu’il pense (cela se voit comme le nez au milieu de la figure) c’est que je suis un sacré rigollot !

Là-dessus, vous avez peut-être changé de sujet, et comme il se faisait tard, vous avez vite arpenté les rues jusqu’à un vieux four à pain tout chaulé de blanc, à l’embase bleue, pour une dernière aquarelle avant que le klaxon du bus vous rappelle : votre deuxième journée dans la campagne portugaise était terminée !

L’année suivante vous êtes revenus (es) dans ce même village où vous avez été accueillis (es) comme des rois : la patronne du café a sorti une table pour vous offrir à boire, l’accordéoniste, le guitariste et leurs amis sont venus avec vous trinquer à vos retrouvailles, et vous avez passé une super soirée au cours de laquelle d’autres portraits ont été réalisés, vous n’êtes pas prêts d’oublier ces moments de pur bonheur !

Vous en aurez d’autres avec le prochain billet, où vous quittez le bas Alentejo pour filer droit vers le sud, sur les riants rivages d’Algarve…

Faisons maintenant un petit tour dans mes carnets. Parmi les portraits que j’ai eu la chance de réaliser avec satisfaction dans des conditions réellement difficiles (je parle de ceux faits dans l’action, le froid, et une humidité à saturation qui posait un vrai problème de séchage de l’aquarelle), ceux effectués au fond de l’Aven Noir en pleine exploration (voir l’Aven aux Merveilles), font partie de mes souvenirs les plus extraordinaires ; je me demande même comment j’ai fait pour les réussir compte tenu des circonstances. Ici, mon copain Daniel ANDRÉ spéléologue de haut niveau, historien de la spéléologie et des Grands Causse (dessiné à l’occasion d’une pose ravitaillement au fond d’un réseau très compliqué où je n’avais pas pris le temps de manger pour vraiment le dessiner pendant qu’il finissait ses provisions) ; je reviendrai un jour sur cette extraordinaire aventure qui n’est pas tout à fait terminée (j’ai encore des surprises à partager avec vous)…

 

Puisque nous sommes à évoquer des moments de rencontres fortuites (ou pas) où ont été réalisés de nombreux croquis sur le vif, pas mal de portraits ou de scènes de vie, en voici quelques-autres prises au hasard dans mes carnets, qui me laissent d’excellents souvenirs et qu’avec vous j’ai envie de partager :

– Là, c’était à Essaouira (le pays des arganiers) il y a plus d’une dizaine d’années. Nous étions reçus par Malika dans sa petite fabrique d’huile d’argan marocaine. Les femmes assises à même le sol triaient et cassaient les noix d’argan. Nous n’avions pas le temps, j’ai simplement expliqué comment prendre des notes sur des croquis au graphite (une vieille méthode dont Delacroix était virtuose) :

Toujours au Maroc, mais cette fois avec le groupe d’un stage carnet de voyage dans la vallée du Dadès quelques années plus tôt, avec une troupe de danseuses accompagnées de musiciens aux bendirs, en pleine cérémonie des Awash. Pas le temps de dessiner : dans le rythme endiablé de la danse tribale, le pinceau à réservoir d’eau était l’outil le mieux adapté pour traduire ce moment de magie…

Ici, avec mon ami Pierre NAVA. Cette fois à Grenade, en prospection, lors de la préparation d’un stage en Andalousie. Il y avait du côté de la cathédrale une petite vendeuse des quatre saisons, qui vendait aux passants, à la criée, sur le trottoir depuis sa carriole (les passants passaient, peu lui achetaient, indifférents à ses fleurs et légumes autant qu’à la beauté de la scène), nous, nous l’avons dessinée (elle aurait eu des fruits nous lui en aurions achetés, on s’est contentés de la saluer)...

Nous voici revenus en France : nous sommes à Paimpol pendant le festival des chants de marins. Je suis tombé sur ce couple de musiciens, eux aussi assis à même le sol dans une rue isolée, tandis que je me rendais au port. C’était à nouveau formidable ! Les vieux airs celtiques qu’ils jouaient m’ont littéralement ravi pendant que je les dessinais (ayez toujours carnet, crayon et aquarelles en poche), ils avaient bien mérité la pièce que je leur ai donnée !

Pour terminer (je m’arrête là, mais j’en ai des pleins carnets), une vendeuse encore, cette fois sur le marché (je ne me souviens plus où) lors de notre dernier stage en Birmanie. Ces gens-là ont une élégance incroyable et c’est un vrai plaisir de les dessiner, malheureusement il fallait s’en aller (j’ai noté mes mélanges de couleurs sur le bord de la page, cela permet de mieux les mémoriser) :

Allez, je vous dis à bientôt pour la suite de votre voyage au Portugal (vous allez y découvrir d’autres coins adorables), pour réfléchir sur les exercices qui y seront réalisés (et n’oubliez pas qu’il reste toujours une dernière place disponible au prochain stage d’Algarve en chambre double dames du 10 au 18 juin prochain, il vous suffit de m’écrire pour que je vous en envoie le prix) !

10 Responses

  1. Nicolas globe croqueur
    | Répondre

    Pour ma part, quand je sens qu’il y a un « loupé », j’utilise, par exemple, de l’acrylique blanche et repasse le trait dessus quand c’est sec, autrement dit, la technique au final n’est pas forcément celle que j’avais choisie au départ (l’aquarelle). Cela s’appelle des techniques mixtes.

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Bien sûr c’est une solution ! L’idéal c’est de ne pas se louper dès le départ !

  2. micheline vaudenay
    | Répondre

    Je me souviens de ce village loin de la ville. Nous étions bien, les gens (surtout des femmes) venaient nous voir et nous montraient leurs maisons. un vieux chat roux passait, indifférent, plus loin des chèvres, celles que tu as croquées, un très vieux four, et pas un bruit sinon des paroles des gens, quel souvenir !!!
    Je vais voir dans ma trousse, pour bien distinguer les stylos « baveurs » des autres. La mésaventure de l’un sert aux autres…
    A bientôt.
    Micheline

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Tu as tout à fait pu voir la beauté cachée de ce village ! Pour cette année, si mes prochains repérages le permettent, je vais essayer de vous en trouver un autre où on pourrait avoir tout en même temps : le moulin à vent, l’authenticité des gens et des choses, et le côté découverte totale loin de toute exploitation touristique. Si je ne trouve pas on reviendra voir nos amis d’Amendoeira…

  3. ROBERT Françoise
    | Répondre

    Je suis avec attention chacun de tes billets, merci pour tout ce partage et explications. Je devrais être au top pour le prochain voyage (lol). En tout cas j’espère bien vivre ces mêmes aventures si sympathiques. Vivement juin !!!!!

  4. Nicole GUENIN
    | Répondre

    souvenir souvenir! si tu savais comme je suis heureuse d’y retourner. Je suis sûre que nous allons faire d’autres inoubliables découvertes! Je fais comme Micheline, je vérifie aussi les stylos,.. Bises

  5. URBIN Geneviève
    | Répondre

    J’ai toujours autant envie de vous suivre un de ces jours dans vos sympathiques périples à croquer . Mais la semaine proposée en avril au Portugal a déjà un projet (où j’espère pouvoir faire quels croquis ) . A plus tard le plaisir de croquer avec vous .

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Mais c’est toujours possible Geneviève ! Car si sur les vidéos c’était en avril, cette année, c’est en juin !

  6. Michèle GIUGE
    | Répondre

    C’est toujours un plaisir de te suivre dans tes démos et tes commentaires ! J’ espére en retirer un peu pour mon expérience future en Algarve ! Ne te décourage pas ! Bises

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Non, Michèle, tu me connais, je ne me décourage pas : simplement, toute chose est sujet à réflexion et débat, et avoir du recul (et donc une perception différente) sur le premier regard de ces statistiques chiffrées était important pour moi, car la conclusion que j’en retire (je vous en reparlerai), est que l’on peut transformer une perception négative en une formidable avancée ! Non seulement très positive (et je le dis avec objectivité), mais aussi constructive pour celle est ceux avec qui je la partagerai (à commencer par les abonné – es – à ce journal en ligne dont tu fais partie) !

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