C’est la salle à gauche en entrant, où un autoportrait de JEAN MARC fait face à la porte d’accès.
Mais avant d’en découvrir les principales œuvres, il faut remettre cette exposition pour sa globalité dans le contexte particulier de notre époque où un « changement de monde » s’affirme de plus en plus dans tous les domaines, en ayant bien conscience en ce qui concerne l’art, qu’il traverse une crise sans précédent depuis l’avènement de l’art dit « contemporain » (surtout depuis la deuxième moitié du 20ème), crise qui « se trouve immergée dans la situation critique diffuse d’effondrement général des valeurs, des repères, des normes et des idéaux classiques et modernes » (je vous invite à lire à ce sujet l’excellent article du philosophe Eric Coulon « DE LA CRISE ET DU DEVENIR DE L’ART » dans le journal « Contemporaneites de l’art », d’où j’extrais cette phrase en parfait accord avec ce que je pense et ressens).
Je reviendrai plus tard sur cette évidence, mais il faut être au fait de cela pour percevoir le positionnement de cette exposition par rapport aux notions de l’art actuel, et l’intérêt synergique des œuvres qui y sont présentes, pour en comprendre l’intention globale et l’interaction lorsqu’on la visite.
Bien sûr, je ne vais pouvoir à travers quelques articles seulement présenter l’ensemble des 84 œuvres de l’exposition, mais la découverte de certaines d’entre-elles vous permettra de comprendre que nous sommes ici loin de l’œuvre-décor, de l’œuvre-faire valoir, éphémère ou conceptuelle, basée sur la provocation ou même la valorisation artificielle d’entités sans âme !
De Gauche à droite : JEAN MARC, autoportrait (huile sur toile), JEAN MARC "Le clown amoureux" (fer forgé), JEAN MARC "Cordes sous la neige (huile sur toile), JEAN MARC "Mon cœur et mon violon" (fer forgé), Alain MARC "Autoportrait" en hommage à R. Magritte (montage photo / aquarelle doublé Réalité Augmentée), Françoise MARC - VILLENEUVE "La puce à l'oreille" (sculpture céramique)
Déjà, savoir que l’œuvre de JEAN MARC relève d’un humanisme réaliste mais au final optimiste, où l’individu ne peut échapper à sa condition et à son amoindrissement que par un dépassement de lui-même où la transcendance est généralement synonyme de spiritualité, mot pris ici au sens le plus large. Aussi, son œuvre toute entière doit être comprise et perçue comme l’édification d’une conduite dont les œuvres seront un prolongement et un témoignage, voire le langage d’un enseignement. Sa démarche se situe donc dès le départ (fin des années 1950 et années 60) dans cette problématique où nombre des valeurs de l’art moderne vacillent à leur tour bien après celles de l’art dit « classique » avec l’irruption sur le devant de la scène des mouvements liés à la déconstruction des conventions académiques entamée par les avant-gardes des décennies précédentes, mais où JEAN MARC, quant à lui, garde toujours des références classiques fidèles à une expression du vrai. Celle-ci passe par une sobriété des formes et une pureté stylistique des équilibres, et son langage narratif et symbolique dans sa sculpture forgée, s’affirme d’abord par les expressions des geste et des visages.
C’est ce que nous démontre la première de ses sculptures de l'exposition « Pêcheur d’amour ».
Dans la symbolique populaire de ses personnages, c’est par les humbles et les simples qu’il nous conte quelques-uns des sentiments les plus profonds de la nature humaine.
Le « Pêcheur d’amour » est l’homme timide, effacé, qui dans son immense besoin d’amour et de reconnaissance part en quête d’affection et d’espérance.
Peu sûr de lui, il se cache derrière un immense nœud papillon, qui, pense-t'il, lui donnera prestance et élégance.
- Mais les cœurs pris au bout de sa ligne auront-ils été séduits par ses apparences, ou par la valeur du pêcheur lui-même, s’il a beaucoup d’amour à donner ?
Si trois autres des sculptures de JEAN MARC permettent un peu plus loin d’entrer dans l’histoire poétique et teintée d’humour de leur petit personnage, sa peinture est évoquée dans cette pièce par deux huiles sur toile (son autoportrait et un paysage représentant Cordes sous la neige), et deux pages extraites de ses carnets de voyage ainsi qu’une aquarelle peinte dans les rues de Cordes. Il faut dire, qu’il se délassait de son travail de sculpture à la forge par l’aquarelle et la peinture sur le motif, adorant réaliser de rapides petites aquarelles dans l’esprit des carnets de voyage, esquisses simples et sans prétention, qui lui permettaient cette rupture pour s’échapper de l’emprise de sujets plus profonds ou obsédants.
Ses carnets de voyage quant à eux, représentent de plus grands espaces de liberté et de découverte, dont il notait picturalement chaque moment avant que le suivant ne vienne l’effacer, avide de saisir l’instant avec son intensité et ses couleurs, bien conscient que le temps nous reprend à chaque seconde toutes les beautés du monde qu’il nous offre parfois, comme si nous n’avions pas droit à plus de répit par cette beauté qu’il arrivait tout de même à capter, en l’éternisant.
Pour faire écho aux œuvres de JEAN MARC, Françoise a choisi les fables de Marie de France comme thème principal de ses sculptures céramique, petits chefs-d’œuvre plein de malice, chatoyants de couleurs, débordants d’humour dans une complicité poétique avec les clins d’œil des fables, créations merveilleuses que son père aurait certainement adorées.
Contemporaine de la fondation de la cité de Cordes, la poétesse Marie de France est l'auteure, au XIIe siècle, du premier recueil de fables en français, une œuvre exceptionnelle par la richesse de son contenu. Celui-ci réunit des fables en vers, certaines adaptées de celles d'Ésope, et d'autres de source inconnue, inventées peut-être par Marie de France elle-même.
Par contre, pour cette céramique intitulée « La puce à l’oreille », Françoise s’est inspirée non pas d’une fable de la poétesse médiévale mais plutôt de l’une de son père (ou plutôt d’une des sculptures à historiettes dont il avait le secret), une magnifique histoire d’une puce amie d’un chien, qui, l’informant à l’oreille de précieux renseignements conditionnant leur existence, les préservait mutuellement...
De grandes leçons de sagesse, plus encore si elles sont apprises à la lumière du monde où nous vivons aujourd’hui, deux autres grandes céramiques venant compléter ce chien un peu plus en éveil que les autres.
Une autre partie de la première salle du musée, avec 2 céramiques de Françoise, le "Pêcheur d'amour" de JEAN MARC dans l'angle, avec au-dessus 2 pages de ses carnets de voyages, et à gauche de la porte (au-dessus des céramiques de Françoise), quatre extraits de mes carnets, dont les deux extérieurs sont des motifs du "Carnet du Yunnan" transposés sur aluminium et doublés de Réalité Augmentée (visibles avec l'application ARTivive, vous pouvez même si vous l'avez sur votre téléphone, scanner avec l'illustration de gauche, celle de la rameuse en orange sur sa pirogue, et bien que l'image soit toute petite elle s'animera pour vous), les deux du centre étant celles des "Esprits de la Terre" et des "Arcs de Saint-Pierre" (visibles avec lien QR code et application ARloopa, qui déclenche leur aquarelle virtuelle respective spatiale, interactive et spatio-temporelle à projeter devant soi, et "visitable" en 360°).
Quant à moi, je tente d’apporter de nouvelles alternatives à l’expression visuelle et aux acquis pré-établis par rapport à tout ce que nous apprend l’art actuel parfois décadent et dénué de sens, avec sincérité et engagement comme le faisait notre père, avec le plus d’intégrité et de lucidité possibles, prenant le présent comme transition pour interroger l’avenir, me posant les questions que JEAN MARC aurait très certainement pu se poser de nos jours, ceci avec les outils de notre époque et si possible de déjà demain, sans dédaigner la tradition picturale pour autant.
J’expose ainsi, dans cette salle du musée, le résultat de mes plus récentes expériences débouchant sur trois premières aquarelles virtuelles, sphériques, interactives et spatio-temporelles, ainsi que deux des aquarelles extraites de mon « Carnet du Yunnan », qui, doublées de Réalité Augmentée, vous replongent sensoriellement grâce au pouvoir de l'informatique, dans l’ambiance même du moment où elles ont été réalisées, avec cette capacité que n'a pas le carnet traditionnel de faire revivre au spectateur les sensations auditives et vidéo apportées par le multimédia, véritable machine à remonter le temps. Je crois donc en l’outil informatique comme nouveau moyen d'expression au service des arts traditionnels (particulièrement en matière de carnets de voyage), dans ses formes ouvertes par la Réalité Augmentée, Mixte et Virtuelle, qui sont multidirectionnelles, et dont les possibilités grâce aux nouvelles technologies sont quasi infinies.
Mon objectif est de créer une forme d'art fait de visions fondatrices d'expressions où les arts traditionnels sont à la base d’œuvres purement virtuelles qui les prolongent "naturellement", de surcroît offertes gracieusement à la collectivité, mais dont les fichiers numériques peuvent être vendus de manière dématérialisés (en NFT par exemple, dans le respect de l’auteur et de sa création), et où l’œuvre physique est conservée par l'artiste ou vendue directement par lui ou son représentant (puis-je encore évoquer ici le rôle de possibles mécènes qui pourraient faire avancer la recherche créative dans ces nouveaux champs d'expression - s'il en existe qu'ils m'aident, car ce sont des recherches très coûteuses -, à moins qu'une sorte de galeristes à inventer en soit la métamorphose) ?
Côté pratique, je conseille pour visualiser par superposition au monde « réel » la partie virtuelle de chacune de mes créations, deux applications de Réalité Augmentée grand public, gratuites, ludiques et faciles à « apprivoiser », que chacun peut d’ailleurs utiliser pour développer sa propre créativité numérique : ARTivive (sur le Google Play ou l’App Store pour toutes les superpositions vidéo et 2D), et Arloopa (pour tout ce qui est 3D et animation virtuelle complexe). Vous pouvez les télécharger si vous allez visiter cette exposition, un cartel associé à chaque peinture en explique d’ailleurs la finalité, et l’application avec laquelle la regarder.
Quant aux œuvres physiques, elles sont actuellement pour moi le produit d'une expérience du monde différente, débouchant sur plus qu’une simple production d’objet ou d’expression artistique, pour que "créer" soit enfin compris et vécu comme un acte de participation individuelle et sociale positivement active, utile, et productive d’une nouvelle humanité plus juste, mieux équilibrée, et plus clairvoyante par rapport à son impact sur le futur.
À bientôt, pour la suite de l’exposition.
Marilou
Merci de cette introduction .
Le titre en lui même « le passé guidant l’avenir » est déjà une réflexion .
Tes explications claires et sincères mettent en valeur les œuvres. L’espace est lumineux .
Bravo pour le rendu artistique et Bravo pour cet hommage familial qui reflète respect et amour.Ces deux valeurs sont présentes et font du bien .Merci.
Amicalement.Marilou de la Réunion .
Alain-MARC
Amitiés, Marilou, cela fait plaisir de voir que la réflexion que mène certains d’entre nous (dont tu fais partie) quant aux véritables valeurs de l’art actuel ne laisse pas indifférent tout le monde (si tu savais combien beaucoup sont inconscients du changement de monde que nous vivons, et combien ils jugent inutile notre action dans la prise de conscience collective sur les valeurs à protéger et les actions à mener pour reconstruire de façon plus durable ce que d’autres n’ont cessé de détruire…).
COLETTE MAYEUR
Bravo!!! et un grand Merci de nous faire partager cette expo et les ressentis des artistes.
Alain-MARC
Je continue dans le prochain billet, Colette, à bientôt,
micheline vaudenay
bonjour Alain
Tu nous l’avais promis, voilà donc ton expo (« votre » expo devrais-je dire). D’abord je vois une très grande lumière. Les pièces ont l’air grandes et lumineuses. L’œuvre du chien qui se gratte me plait beaucoup ainsi que celle de ton père avec le pécheur d’amour. Que d’émotions passent en si peu de matière ! Quant à ta peinture « augmentée », j’ai été gênée par le bruit (un chant de femme ?), et n’ai pas pu voir vraiment le dessin. Je regarderai encore pour mieux apprécier.
A quand la deuxième pièce ?
En tout cas merci de nous permettre, nous les éloignés du midi, de voir ton expo quand même.
Merci Alain et à bientôt.
Alain-MARC
Ne t’en fais pas, Micheline, même si je ne peux pas tout montrer, je continuerai avec la 2ème pièce en sélectionnant comme pour la première les œuvres les plus significatives de chacun de nous. Alors, à très bientôt !
Pradel lesur
Passés à Cordes voir l’expo. Magnifique!
Sculptures, tableaux, figurines nous transportent avec une grande délicatesse.
A voir et revoir.
Christine
Alain-MARC
Merci, Christine !
MARTIN-GOUSSET Michèle
MAGNIFIQUES REALISATIONS familiales;. MERCI d’en faire profiter ceux qui sont loin de Cordes et n’auront pas le plaisir d’y aller…
La « grande Michèle »
Alain-MARC
à bientôt pour la suite, Michèle !
JULIEN Nicole
Chers Alain et Françoise.
Je ne suis pas la sœur créatrice d’œuvres d’art mais la sœur contemplative de vos œuvres d’art.
Merci à vous et aussi à notre papa JEAN-MARC.
Affectueusement.
Nicole
Alain-MARC
Mais de rien Nicole, on est tous pareils, dans la famille, grosses bises !
Denise Poirier
C’est une trés belle exposition, bravo. Je vois que la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre. Votre père était un bon artiste ainsi que vous.
Denise Poirier, Québec
Alain-MARC
Nous faisons ce que nous pouvons, Denise, mais on n’existerait pas sans vous, car l’art n’a de sens que par ceux avec qui on peut le partager !
GERE Françoise
Bonjour Alain et un grand merci pour ces explications ludiques qui nous font entrer dans les tableaux et céramiques des trois personnages Marc. L’amour de la création et le besoin de partager avec ceux qui se penchent quelques instants ou de longs moments devant vos oeuvres respectives, sont transmissibles à ceux qui savent poser un regard curieux et interrogatif sur ce qui a été, et continue d’être, vos recherches et innovations incessantes.
A très bientôt.
Françoise
Alain-MARC
Merci, Françoise, à bientôt !
Marie Agnès M
Merci Alain pour ce partage et de nous donner un aperçu de votre belle exposition familiale ; bien sûr on est déçu de ne pas être plus près pour la découvrir « en vrai », mais c’est gentil à toi de nous en faire le cadeau d’extraits ; j’apprécie beaucoup « la puce à l’oreille » et l’autoportrait de ton Papa et ses sculptures. Quant à ton aquarelle du Yunnan, je l’ai visionnée avec l’appli Artivive, c’est vraiment extraordinaire et je comprends que cela n’est pas encore « accessible » à tout un chacun, compris et apprécié, il faut du temps…
Je n’ai pas réussi à visionner avec Arloopa les 2 autres tableaux bien que l’appli semblait fonctionner.
Merci également de nous transmettre toute cette « chaleur humaine » et « amour familial » car dans la période ou nous sommes, cela devient devient une exception, malheureusement !
Je t’embrasse, avec toute mon amitié.
Alain-MARC
Merci à toi aussi, Marie-Agnès,
Pour les deux autres tableaux, normal qu’ils n’aient pas été reconnus par l’appli car ceux-là fonctionnent avec un QRcode qui n’est pas lisible sur la photo. Je vous en passerai un à la fin de mes reportages qui vous permettra d’emporter l’aquarelle 360° auquel il correspond là où vous voudrez : elle sera pour vous, sans que ça vous coûte 1 centime !
En attendant à bientôt, pour la suite de l’expo !
Elizabeth Rochet
Le petit chien de « la puce à l’oreille » m’apparaît fort sympathique. Articles à suivre avec grand plaisir ! Bien amicalement. Elizabeth
Alain-MARC
Oui, il est marrant ! à bientôt pour la suite, Elizabeth !