Croquis – aquarelle rapides à Espirito Santo et Mértola.

S’il y a une véritable aventure épanouissante dans la vie, c’est bien celle du partage qui débouche sur le bonheur de voir les autres heureux, ou enrichis par ce qu’on a transmis venant du cœur en toute sincérité, qui n’a pas de prix puisque sans attente de retour…

Alors, c’est dans cet esprit avec ce billet, que je vous retrouve au sud Portugal .

Après un premier exercice d’aquarelle dans la vieille ville de Faro à rua da Porta nova, vous voici toutes et tous le lendemain matin dans un petit bus, en route pour l’arrière pays du sud Alentejo, qui est encore plus beau hors sentiers battus.

C’est là, que j’ai décidé de vous faire découvrir deux endroits qui méritent le voyage : le premier étant un petit bijou d’architecture religieuse rurale marquée par son passé mauresque, le second étant le magnifique village où vous irez ensuite.

Commençons par le premier, qui est le prétexte à un minuscule travail sans prétention (5 minutes devraient suffire), prétexte à une approche synthétique des architectures simples, apte à « acter » la mémoire de l’histoire culturelle, sociale et religieuse d’un lieu.

La question est la suivante : – comment en 5 min puis-je traduire la vision dans le lointain de cet édifice, qui résume à lui seul le passé et la vie d’un petit territoire marqué par l’empreinte de son passé ?

On va donc ne pas s’approcher davantage, pour ne conserver que l’essentiel en le simplifiant si possible, et travailler « petit ».

– C’est quoi l’essentiel ?

– la forme simple (globale) de l’édifice, basée sur sa silhouette rectangulaire avec son clocher ayant gardé son allure d’ancien minaret et son dôme

– la couleur blanche de l’édifice (rappel des murs chaulés propres au bâti de tout le pourtour méditerranéen évoquant le sud, la lumière, la chaleur) sur fond de ciel bleu,

la présence de quelques cyprès,

– le haut de la colline où l’ensemble est situé.

Il vous faudra donc aborder cette recherche comme vous aborderiez l’introduction d’un texte : annoncer visuellement le développement de votre voyage dans l’espace évoqué par ce lieu (ou ce sujet), une « porte d’entrée » en quelque sorte sur les centres d’intérêt que vous développerez par la suite. Vous vous poserez la question : – là où je suis, qu’est-ce qui résume le mieux le lieu, ce que je veux en dire, quelle est mon intention, et qu’est-ce qui permet de l’identifier le plus facilement ?

Pour vous ici, l’introduction à un milieu rural et naturel depuis longtemps aménagé par l’homme, où l’histoire locale, la culture et l’empreinte religieuses (d’abord musulmane puis catholique) ont donné aux gens et à leur mode de vie leur actuelle identité, celle à la rencontre de laquelle vous allez, et que vous relaterez dans votre carnet.


D’autres intéressants éléments comme ce pilastre sud de l’église d’Espirito Santo (mémoire architecturale de l’époque mauresque) avec les nids d’hirondelles sous les Génoises, auraient pu venir en complément du motif précédent si nous avions eu le temps de les dessiner. Mais lorsque le temps est compté, il faut faire un choix, et si on ne peut évoquer qu’un seul sujet choisir celui qui est le plus évocateur comme nous l’avons fait en préférant la vue générale.

Cependant, entourée de cigognes, au cœur d’une nuée virevoltante d’hirondelles, la petite église blanche est un grand moment de bonheur simple sur fond de campagne fleurie et d’un ciel au bleu de plus en plus profond, qui se fraie son chemin lumineux au milieu des nuages…

Plus loin, vous arrivez à Mértola, ancienne capitale d’un royaume musulman nommé la taïfa de Mértola fondé par Ahmad Ibn Qasi au milieu du XIIe siècle. On peut réaliser plusieurs reportages et un nombre incroyable d’aquarelles sur ce village, tellement il est intéressant par son riche passé historique, sa situation en bordure du fleuve Guadiana, et son caractère de lieu « hors du monde » où le dépaysement est garanti.

Vous y traitez la vue générale de Mértola comme vous aviez réalisé celle de l’église d’Espirito Santo : rapidement et en synthèse. Quelques coups de feutre fin pour suggérer le graphisme des maisons, le tout très vite, rehaussé à l’aquarelle. Et tout le monde réussit ! Comme quoi on peut en synthèse rapide réussir pratiquement n’importe quel sujet, pourvu qu’on sache le simplifier !

La vieille ville est ainsi campée dans son ensemble, l’après-midi étant consacrée à ses ruelles et à l’aquarelle de quelques endroits caractéristiques comme le château féodal, la belle statue du roi maure soufi, et à une séance rare devant l’extraordinaire « église – mosquée » toute blanche construite à ses pieds. Je dis bien « église – mosquée », car c’est l’unique mosquée médiévale encore existante au Portugal. On la voit bien depuis la rive gauche du fleuve, avec ses arcs brisés et son ancien minaret devenu clocher, son mihrâb entièrement intact n’étant bien sûr visible qu’à l’intérieur.

En conclusion : en aquarelle de voyage, on recherchera pour exprimer le premier contact avec un lieu, un sujet facilement traduisible en synthèse (simplicité, rapidité d’exécution et facilité d’identification), représentant ou symbolisant ce lieu, le résumant, sujet où le maximum d’éléments extérieurs (environnement, mise en valeur historique, sociale, culturelle, etc.) seront contenus et traduits dans la synthèse seulement.

6 Responses

  1. ROQUENCOURT SUZANNE
    | Répondre

    Je suis actuellement en Martinique, je commence un carnet de voyage, mais on dirait un enfant qui peint. Exercice difficile et avec la chaleur tout sèche trop rapidement. J’aurai du prendre les crayons aquarellelables.

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Pas de souci Suzanne !
      D’abord, mettez-vous à l’ombre (jamais au soleil), puis :
      1) Faites un dessin sommaire (dépouillé mais bien équilibré de ce que vous voulez peindre, sans faire des détails) 2) Préparez bien vos couleurs sur la palette avant de les poser sur le papier (faites assez de couleurs de ce que vous voyez bien avant de peindre – bon stock -), 3 ) Lancez-vous rapidement sans trop réfléchir en posant les couleurs comme vous les voyez dans la nature, afin qu’elles ne sèchent (il faut travailler vite, même si vous dépassez vos traits ou que les couleurs se mélangent sur le papier pas grave, au contraire ça peut faire une synthèse très sympa !

  2. Isler Christiane
    | Répondre

    Bonjour Marc
    Merci pour ces conseils et votre générosité à les partager 🙂
    Bien cordialement
    Christiane

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Et merci à vous, pour votre fidélité à me suivre !

  3. Thierry
    | Répondre

    Tres belle explication de ce que je recherche dans l’aquarelle de voyage, garder l’essentiel ne pas le dénaturer ou mieux, le sublimer et s’affranchir du superflu; aussi simple a écrire que difficile a réaliser

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Un peu vrai, mais regardez bien l’article qui suit, c’est un complément au précédent qui va vous être très utile !

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