Aquarelle de synthèse dans la campagne du bas Alentejo.

Vous partez aujourd’hui découvrir cette belle campagne printanière du bas Alentejo, traversée trop rapidement hier pour vous rendre à Espirito Santo et Mértola.

C’est l’occasion de vous préparer à une nouvelle séance d’aquarelle de synthèse (application technique) dans laquelle vous devrez traduire l’atmosphère douce et bucolique du paysage, qui, tout en traduisant votre vision subjective de la réalité, devra exprimer votre communion avec le monde, l’état de contemplation qu’il vous procure devant la nature, dans une méditation active et animée (mise en pratique mentale que je nomme la « contemplation active »), vous rapprochant autant de son âme que de sa réalité physique.

Ce dialogue pictural intime avec la nature, que je partage avec vous ici, vous permet d’être plus profondément en connivence avec l’univers qui vous entoure. 

Il vous permettra d’abord d’épurer votre travail, mais aussi, il vous mettra en phase avec sa dimension poétique, pouvant même se parer d’une grandeur touchant à l’étrange magie d’une sorte de spiritualité, telle une incantation dont votre aquarelle ne serait que le produit, mais dont l’émotion vous laisserait un souvenir inoubliable.

Ce n’est pas seulement avec vos yeux que vous le vivrez, mais aussi avec votre ouïe, votre odorat, votre toucher, et même votre goût (vous connaissez la douce saveur du nectar sucré des fleurs de chèvrefeuille) ? En principe, on devrait trouver tout cela dans votre aquarelle…

C’est conforté par cette évidence, que je partage avec vous cette matinée ensoleillée, pastorale et champêtre.

Et puisque nous sommes à évoquer d’autres instants aussi rares et précieux se traduisant sur le papier par des pochades simples et rapidement enlevées, en voici quelques-unes ci-dessous (réalisées très vite, sans la moindre prétention, mais en harmonie avec le paysage et l’instant présent).

Chacune d’entre elles est pour moi une vraie « machine à remonter le temps » et à insuffler dans ma mémoire mille émotions enchantées par des trillements de rossignols dans les frondaisons provençales, des exhalaisons parfumées de genêts d’Espagne, le souffle du vent sur mon visage ou des visions de brumes vaporeuses se levant sur la baie de Ha Long…

Dans cette « Oliveraie en Provence » (démo dans une oliveraie du stage du même nom), j’ai essayé de faire passer dans ma page « l’esprit des lieux », son évanescence, sa fragilité, et ce lien qui unit l’arbre par son feuillage au ciel, et par son enracinement à la terre, par quelques coups de pinceau en travail direct sans le moindre repentir, mais j’ai également essayé de démontrer que même en groupe on peut toucher à cet état de grâce qu’est la « contemplation active », il suffit qu’on soit aussi en harmonie avec les autres membres du groupe.  Je précise qu’il vous faut regarder ma petite pochade à travers vos cils, les paupières à moitié closes, peut-être percevrez-vous alors à travers la brume qui finissait de se lever la douceur d’un matin de printemps presque « vaporeux » comme il y en a parfois en Provence l’hiver, une ambiance un peu onirique toute parfumée de thym et de senteurs étranges dégagées par l’humidité du sol, avec au loin les chants mélangés d’un loriot et d’un rossignol.

Encore le même coin du côté des Baux de Provence, pochade réalisée un peu plus loin dans la foulée, qui prouve s’il en était besoin, que lorsqu’on est en connivence avec un lieu particulier on peut réaliser un nombre considérable de pochades du même endroit. Cela démontre qui si on est vraiment en accord avec cet « esprit des lieux » qui m’est si cher, on le retrouvera nécessairement dans toutes les aquarelles de synthèse réalisées successivement.

Fond brumeux mais cette fois de chaleur, vous êtes dans la Sierra de Gata en bordure du « désert d’Almeria » en Andalousie. Quelques minutes aussi pour se laisser envoûter par ce paysage qui évoque l’Afrique du nord toute proche, avec le soleil qui vous écrase le temps de poser vos couleurs sur le papier…

Changeons maintenant complètement d’ambiance : vous avez certainement reconnu la Baie de Ha Long (toujours dans une atmosphère un peu brumeuse), c’était depuis le promontoire d’une petite île depuis laquelle on voyait notre jonque, pendant un stage du Vietnam il y a plus d’une dizaine d’années. Cette fois ce sont les effluves marines et ce paysage d’estampe orientale avec lesquels nous avions essayé de nous harmoniser dans nos aquarelles !

Avec l’expérience, vous verrez que ce sont les atmosphères, ciels, brumes, nuages, paysages presque irréels à des moments très particuliers du soir ou du matin de bonne heure qui vous inspireront le plus dans ce genre d’exercice (comme ici au lever du soleil sur la Cluse et Mijoux et le château de Joux dans le massif du Jura, c’était lors de l’un de nos stages d’été du Jura oriental, vous retrouverez ce motif et plein d’autres dans mon carnet du Saugeais).

Peu importe si ce que vous peignez ne ressemble pas très bien à ce que vous voyez, ce qui compte c’est « l’esprit des lieux » et celui de l’instant qu’on doit capter (mieux, avec lequel on doit « communier »), donc, allez très vite, même si comme dans cette aquarelle d’un front d’orage sur le causse (voir l’Aven aux Merveilles), le paysage (ou plutôt le ciel) change très vite lui aussi, plus vite que vous le pouvez travailler !  Et… Déjà, le tonnerre gronde au loin : vous l’entendez ?

Cette fois, les falaises du massif des Corbières après la pluie, toujours à toute vitesse mais en respectant bien les différents états (1 – prépa rapide des couleurs dans la palette, 2 – le ciel, fond jaune pâle,  3 – la montagne en face 1ère couche : celle des pans de falaise, – mais on fait toute la montagne avec et pas seulement les zones de falaises -, 4 – dès que la montagne couleur falaises est sèche, on fait dans la foulée et en simultané le ciel et la couleur de la montagne hors falaises non peintes. Si on ne veut pas utiliser le chiffon pour éponger les zones brumeuses, il faut humidifier la surface de la montagne hors falaises, où on posera la couleur sur les zones que l’on veut les plus nettes et foncées). Il est bien évident que pour faire ce travail en 10 mn sur le motif, il ne faut pas une page de 2 mètres carrés, mais se limiter à un motif plutôt petit !

Pour terminer, une ambiance comme je les préfère pour peindre en « contemplation active », où le monde des hommes, dans une ambiance de « montagne apprivoisée », paraît sublimé par la puissance des éléments naturels, comme dans un tableau que Turner aurait adoré : un contre-jour sur le village de La Calahorra et de son emblématique château, sur fond de Sierra Nevada en Andalousie. J’étais en repérages d’un futur stage avec mon copain Pierre Nava et une amie, nous étions littéralement transcendés par les mystères et la beauté de l’instant que nous avons saisis à toute vitesse, avant que cette vision soit désenchantée. Quand ce fut terminé, les cloches du village se mirent à sonner à toute volée, c’est le genre d’instant qui vous laisse en souvenir bien plus qu’une aquarelle !

9 Responses

  1. Isler Christiane
    | Répondre

    Magnifique comme toujours ! Merci pour vos partages.
    Christiane

  2. gaullier jacqueline
    | Répondre

    merci Alain!

  3. greffioz jean
    | Répondre

    Marci Alain pour ces moments de partage et d’invitation au lâcher-prsie pour se fondre et communier avec le Vivant qui nous entoure . Au plaisir d’arpenter à nouveau tes chemins , bien à toi Jean

  4. Parreau
    | Répondre

    Comme c’est formidable d’être embarqués dans votre belle moisson de paysages !
    Merci ! Et tes commentaires sont passionnants !

  5. Thierry
    | Répondre

    Merci Alain ,pour cette suite éffectivement tres utile sur les syntheses.

  6. givry Joseline
    | Répondre

    merci, c’est très beau , cela me fait rêver de voyage que je ne peux pas faire, un jour c’est sur j’y participerais!

  7. Elizabeth
    | Répondre

    Moi qui suis plutôt besogneuse dans mon travail à l’aquarelle, je suis vraiment admirative de ces aquarelles de synthèse. Certes, elles te rappellent l’instant et l’émotion que tu as vécus, mais elles savent aussi transmettre l’esprit des lieux à celui qui regarde.

    • Alain-MARC
      | Répondre

      On y arrivera Élisabeth !

  8. Guy jeannine
    | Répondre

    Merci pour ce partage Alain.
    Je vais m’entrainer en vue du stage eventuel de juin..Ce ne sera que partie remise de toutes facons.L’essentiel etant de garder la flamme..

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