La parabole de Liaucous, 5ème épisode

Á la fin de l’épisode précédent, je brisais notre lien à la terre ferme par le symbole de « l’envol », étape finale de notre expérimentation sur le terrain de la démarche picturale globale (tel que je la conçois …je n’évoque pas en cela la démarche carnettiste ni l’aquarelle de plein air dont les préoccupations ne sont généralement pas liées à ces questionnements), avec une dernière référence à Gaston Bachelard « qui nous démontre que nous sommes des êtres sensibles et ambigus ; nous devons trouver le chemin puis la porte qui est « le cosmos de l’entr’ouvert. » (p. 200) Alors, les images prendront tout leur sens et nous pourrons vivre en paix « dans la cellule de l’intimité ». (p. 204) Le plus bel espace est celui de notre pensée libre du dehors et du dedans, pleinement réalisée en union avec le cosmos et l’intime. (http://www.crcrosnier.fr/articles/bachelard-poetique.htm) ».

Dans cet épisode (le dernier de cette série), par-delà tous les symboles évoqués précédemment, je vous apporte la signification de la « parabole de Liaucous » : « penser » le monde et en traduire picturalement « le ressenti » (ou les messages que nous percevons de lui) est plus important que de le représenter.

« La parabole inachevée » traduction en aquarelle directe du ressenti de mon rapport au pays des Grands Causses et à ses espaces de liberté, lors de l’expérience de « la parabole de Liaucous ».

 

Prendre conscience de l’importance de la métamorphose que cela implique dans notre pensée comme dans la façon d’en matérialiser le sens qu’on lui donne (à cette pensée) dans sa peinture, c’est participer à l’universalité de l’enrichissement des sensibilités et à l’élargissement des consciences qui lui seront confrontées, si cette peinture dégage bien sûr tout le magnétisme et toute la puissance évocatrice des forces et énergie qu’elle contient (on peut parler de « spiritualité » dans son expression littérale).

Je pense en cela, à la différence des théoriciens et praticiens de l’art actuel (innombrables depuis Mondrian, Malevitch, Brancusi, Marcel Duchamp, Andy Warhol et bien d’autres, tout aussi passionnant et intéressant soit leur discours) qui se situent dans les courants de pensée menant plus ou moins à des impasses, que la peinture n’est pas morte, ou qu’elle doit au contraire renaître de ses « cendres » si elle l’était.

Elle doit s’affirmer (ou se réaffirmer) avec des arguments nouveaux, qui, tout en la maintenant reliée aux valeurs fondamentales et immuables de sa spécificité, à son pouvoir d’enchantement, lui donnent les moyens de répondre aux préoccupations de notre époque, de créer des passerelles lui permettant de se rapprocher du public sans l’appauvrir par des redites stériles ou le désorienter.

Quant au croquis aquarellé, aux pages de carnet (à l’aquarelle aussi de façon plus générale), ce ne sont à mes yeux que des « outils » supplémentaires au service de la peinture et des intentions du peintre, au même titre que les technologies de notre temps que sont la vidéo, le multimédia, l’informatique et le support d’Internet si on les utilise de façon créative.

Ainsi, avec l’ascension et le survol des falaises de cet endroit des Gorges du Tarn, puis, avec les deux aquarelles réalisées très rapidement à l’atterrissage, c’est l’expérience d’une traduction de mes ressentis autant que le sens que je leur donne qui commence à travers mon action ici sur le terrain (je ne dis pas « sur le motif », puisque ce « motif » est en partie « immatériel », allant d’un « réel physiquement perçu » à un « réel ressenti, désincarné et intemporel » défini par un ensemble d’éléments, qui sont de surcroît, en constante évolution).

Ce « réel ressenti, désincarné et intemporel » sera pour moi, dans le cas de « la parabole du Liaucous », une réflexion sur la beauté et sur la fragilité de la nature, sur la nécessité de sauvegarder ses équilibres, mais aussi sur la relativité de nos certitudes les plus matérialistes face aux énergies régissant la permanente métamorphose des êtres et des choses…

Mais ce n’est que la première étape d’une démarche plus profonde qui se poursuivra ensuite en vol et à l’atelier par la réalisation d’une (ou plusieurs) Réalité (s) Augmentée (es), produit final et dématérialisation de mon expérience du vécu, témoignage de mon engagement pour conserver au monde son mystère et sa grandeur, sa beauté et sa pureté, de ma volonté à transmettre à nos enfants et aux générations futures autre chose qu’un monde en décomposition (concernant autant nos valeurs naturelles, humaine, qu’intellectuelles).
– Un chemin vers une extase nous ramenant au spirituel ?

Peinture en vol au dessus du Causse Comtal pour la préparation de la future peinture et sculpture dématérialisée « Les Esprits de l’Air »

P.S. J’invite qui ne connaît pas le produit pictural de mes précédentes expériences relevant de cette démarche à découvrir des peintures comme « Écholocation karstique » (à lier à mon carnet d’exploration de l’Aven noir « L’aven aux merveilles »), ou comme « Les chevaux bleus de Gavarnie », ou encore « Mézozoïque sinémurien »…

En résumé :

Le premier épisode de « La parabole de Liaucous » est ici

Le second épisode de « La parabole de Liaucous » est ici

Le troisième épisode de « La parabole de Liaucous » est ici

Le quatrième épisode de « La parabole de Liaucous » est ici

11 Responses

  1. Françoise Fuhrer
    | Répondre

    Merci Alain pour ce travail de réflection que l’on peux adapter à sa sensibilité .J’espere que nous verrons un jours tes euvres issues de ces expériences. Bonne continuation.

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Oui, concernant celle-ci, je dois me mettre au travail, je suis assez en retard, mais l’essentiel est fait (dans ma tête). J’espère surtout trouver un jour un lieu pour exposer le résultat de tous ces travaux !

    • gaullier jacqueline
      | Répondre

      Merci Alain pour tes conseils, et tes réponses à nombres de nos interrogations. La création est une voie difficile, semée d’écueils mais aussi de grande joie quand on réussit à libérer la pensée qui nous anime et aussi à interpeller un tout petit peu le spectateur. Merci aussi de dire qu’il faut « temps » et « travail ». Merci pour cette mise en forme de la parabole de Liaucous, les images et les réflexions que tu nous fais partager. Cela ne peut qu’aider ceux qui te lisent comme moi, à continuer la route, dépasser le doute, travailler, chercher. Hâte de voir tous tes travaux exposés ! A bientôt

      • Alain-MARC
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        Merci à toi Jacqueline. Une réflexion engagée depuis longtemps comme la tienne, et un travail important sur les mêmes longues années, ne peuvent que nous aider à nous recentrer sur ce qui est important ou ne l’est pas, sur ce qui a besoin de jaillir du fond de nous-mêmes. Mais on a toujours l’impression d’être en retard ou à côté de ce qu’on a à dire, et sur la manière de le dire, c’est vrai. Alors il faut continuer quand même avec les moyens (intellectuels) et les outils (matériels) que nous avons (car le chemin accompli et les traces laissées ne sont pas vains, ils aident à construire l’avenir) avant de trouver peut-être un jour la « solution » à cette nécessité intérieure…

  2. SABLE PAULE
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    que dire devant tant de talents!!! j’adore… bravo et merci de nous faire participer….

  3. Armelle
    | Répondre

    Merci pour cette magnifique parabole. Je garde précieusement tous les épisodes. Tant de pistes de réflexion pour moi tant sur le chemin de la vie que sur celui de la création artistique. Que de richesse dans ces réflexions et les symboles qui l’accompagnent.!
    A voir et à revoir! Un grand merci!

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Merci aussi à vous Armelle, pour votre attention à ces quelques réflexions. – Est-ce nous qui avons raison de nous poser des questions et d’essayer d’y apporter des réponses, ou ceux qui ne s’en posent pas et traversent la vie sans savoir même si on peut ou non lui donner un sens qui ne soit pas lorsqu’on doit la quitter qu’un simple souvenir, mais le sentiment intime qu’elle a servi à justifier notre existence ?

  4. Merci de nous ouvrir ces pistes de reflexions sur le sens à donner à nos démarches picturales si bien conclues par cette aquarelle à la limite de l’abstrait.

    • Alain-MARC
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      Long chemin Nicolas, que celui d’une véritable quête créative dans le monde où nous vivons !

  5. Marianne Schneiter
    | Répondre

    Merci Alain, je te suis dans cette très belle réflexion sur la réalité intemporelle de nos ressenti et leur véritable ressenti dans nos travaux, même ceux de tous les jours: être en adéquation avec le  » vrai » de ce que nous sommes dans tous nos actes réfléchis. Difficulté à ne pas se laisser bercer de nos diverses illusions… Merci de tout coeur de nous avoir fait partager cette belle parabole, elle éclaire mes instants de peinture et de vie. J’adhère complètement au message de Jacqueline ci dessus et je te salue pour ce que tu nous offre.

    • Alain-MARC
      | Répondre

      Merci Marianne, oui, c’est la problématique de tous les créateurs d’avoir à approfondir leur démarche, et déjà savoir à peu près où se « situer » !

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